SAINTE APOLLINE – Fêtée le 9 février
Cette icône m’a été commandée pour le baptême d’une petite Apolline née en début d’année. Je me suis imprégnée d’abord pendant plusieurs semaines des quelques éléments de biographie de cette sainte martyre des premiers siècles, les relisant souvent, cherchant dans le recueillement et la prière à savoir comment j’allais pouvoir la représenter, quels symboles utiliser.
Sainte Apolline se détache sur un fond doré à la feuille, symbole de lumière et d’éternité. Pour ses vêtements, j’ai choisi des couleurs chatoyantes (les photos ne rendent pas l’intensité de l’original !) :
un manteau rouge pourpre qui symbolise la sobriété et l’humilité, et un voile orange vif qui symbolise en iconographie la hâte de l’amour. Elle est en effet dotée d’un fort tempérament et de courage et d’ardeur : son coeur brûlant du désir d’être fidèle à sa foi chrétienne.
Pour le symbole de son martyr, même si Sainte Apolline est la patronne des dentistes, j’avoue que la tenaille et la dent avec laquelle elle est souvent représentée ne m’emballait pas vraiment ! le choix a été porté sur une branche de fleurs d’oranger (merci à ma commanditaire pour cette idée), symbole de pureté, tenue dans ses bras comme une palme du martyr . La petite croix byzantine sur le fond doré symbolise la victoire de la vie en Dieu sur la mort.
Les écritures et les bordures rouges sont le symbole du sang du Christ, pour signifier que l’iconographe offre son travail à Dieu.
Eléments de biographie :
Extrait de La Légende Dorée de Jacques de Voragine : Apollonie ou Apolline (Jacques de Voragine fait parti de l’Ordre des Prêcheurs au XIIIème siècle, il est contemporain de Saint Thomas d’Aquin)
Au temps de l’empereur Dèce (IIIème siècle), une affreuse persécution s’éleva à Alexandrie contre les serviteurs de Dieu. Un homme nommé Devin devança les ordres de l’empereur, comme ministre des démons, en excitant, contre les chrétiens, la superstition de la populace qui dans son ardeur était dévorée de la soif du sang des justes. Tout d’abord on se saisit de quelques personnes pieuses de l’un et de l’autre sexe. Aux uns, on déchirait le corps, membre après membre, à coups de fouets ; à d’autres, on crevait les yeux avec des roseaux pointus, ainsi que le visage, après quoi on les chassait de la ville. Quelques-uns étaient traînés aux pieds des idoles afin de les leur faire adorer; mais comme ils s’y refusaient avec horreur, on leur liait les pieds avec des chaînes, on les traînait à travers les rues de toute la ville, et leurs corps étaient arrachés par flambeaux dans cet atroce et épouvantable supplice. Or, il y avait; en ce temps-là, une vierge remarquable, d’un âge fort avancé, nommée Apollonie, ornée des fleurs de la chasteté, de la sobriété et de la pureté, semblable à une colonne des plus solides, appuyée sur l’esprit même du Seigneur, elle offrait aux anges et aux hommes le spectacle admirable de bonnes oeuvres inspirées par la foi et par une vertu céleste. La multitude en fureur s’était donc ruée sur les maisons des serviteurs de Dieu, brisant tout avec un acharnement étrange ; on traîna d’abord au tribunal des méchants la bienheureuse Apollonie, innocente de simplicité, fort, de sa vertu, et n’ayant pour se défendre que la conscience d’un coeur intrépide, et la pureté d’une conscience sans tache; elle offrait avec grand dévouement son âme à Dieu et abandonnait à ses persécuteurs son corps tout chaste pour qu’il fût tourmenté. Lors donc que cette bienheureuse vierge fut entre leurs mains, ils eurent la cruauté de lui briser d’abord les dents; ensuite, ils amassèrent du bois pour en dresser un grand billot et la menacèrent de la brûler vive, si elle ne disait avec eux certaines paroles impies. Mais la sainte n’eut pas plutôt vu le bûcher en flammes, que, se recueillant un instant, tout d’un coup, elle s’échappe des mains des bourreaux, et se jette elle-même dans le brasier dont on la menaçait. De là l’effroi des païens cruels qui voyaient une femme plus pressée de recevoir la mort qu’eux de l’infliger. Eprouvée déjà par (37) différents supplices, cette courageuse martyre ne se laissa pas vaincre par la douleur des tourments qu’elle subissait, ni par l’ardeur des flammes, car son coeur était bien autrement embrasé des rayons de la vérité. Aussi ce feu matériel, attisé par la main des hommes, ne put détruire dans son coeur intrépide l’ardeur qu’y avait déposée l’oeuvre de Dieu. Oh ! la grande et l’admirable lutte que celle de cette vierge, qui, par l’inspiration de la grâce de Dieu, se livra aux flammes pour ne pas brûler, et se consuma pour ne pas être consumée ; comme si elle n’eût pas été la proie du feu, et des supplices! Elle était libre de se sauvegarder, mais sans combat, elle ne pouvait acquérir de gloire. Cette vierge et martyre intrépide de J.-C. méprise les délices mondaines, foule par ses mépris les joies d’ici-bas, et sans autre désir que de plaire au Christ, son époux, elle reste inébranlable dans sa résolution de garder sa virginité, au milieu des tourments les plus violents. Ses mérites éminents la font distinguer au milieu des martyrs pour le glorieux triomphe qu’elle a heureusement remporté. Assurément il y eut dans cette femme un courage viril, puisque la fragilité de son sexe ne fléchit point dans une lutte si violente. Elle refoule la crainte humaine par l’amour de Dieu, elle se saisit de la croix du Christ comme d’un trophée; elle combat et remporte plus promptement la victoire avec les armes de la foi qu’elle n’aurait fait avec le fer, aussi bien contre les passions que contre tous les genres de supplices. Daigne nous accorder aussi cette grâce celui qui avec le Père et le Saint-Esprit règne dans les siècles des siècles.
Biographie de Wikipédia :
Le récit du martyre d’Apolline est tiré d’une lettre de Denys, évêque d’Alexandrie (mort en 265), à Fabien, évêque d’Antioche.
En 250, l’empereur Dèce promulgua un édit obligeant tous les citoyens à offrir des sacrifices aux dieux pour la sauvegarde de l’Empire, sous peine de mort, édit qui marque le début d’une nouvelle période de persécution contre les chrétiens (avant celle de Valérien à partir de 257, et celle de Dioclétien à partir de 303).
À Alexandrie comme ailleurs, les païens purent impunément donner la chasse aux chrétiens et les tuer comme ils voulaient. Les autorités laissaient faire, et même approuvaient.
Ce jour-là, les voyous de la ville se saisirent d’un vieillard, nommé Métras, exigeant qu’il blasphémât le nom du Christ. Comme il s’y refusait, ils le rouèrent de coups, lui enfoncèrent des roseaux pointus dans les joues et dans les yeux, puis ils l’entraînèrent hors de la ville, où ils le lapidèrent avec joie.
Leur choix se porta ensuite sur une chrétienne nommée Quinta, qu’ils menèrent au temple, lui enjoignant d’adorer les dieux. Comme elle détournait la tête avec dégoût, ils lui lièrent les pieds et la traînèrent sur le dos jusqu’au lieu où avait péri Métras ; et ils l’y lapidèrent avec le même plaisir.
Apolline, leur troisième victime, leur inspira d’autres fantaisies. Elle n’était plus jeune et faisait partie d’un groupe de vierges consacrées. Après lui avoir fracassé la mâchoire et brisé toutes les dents, ils la mirent devant un bûcher, menaçant de l’y jeter, si elle ne répétait pas des injures au Christ après eux. Elle s’excusa poliment de ne pouvoir leur donner satisfaction ; puis, profitant de leur distraction, « plus prompte que ses bourreaux », dit saint Augustin dans un sermon, elle courut se jeter dans les flammes :
Sainte patronne des dentistes et des métiers en lien avec les dents, elle est représentée sur un timbre autrichien émis le 11 octobre 1982 pour le 70e congrès mondial des dentistes :