L’icône est un langage par l’image, qui tente, au moyen de signes, d’exprimer la même vérité que la Parole sacrée
Daniel Rousseau – Auteur de « l’icône, splendeur de ton visage »
Cette phrase de Daniel Rousseau explique pourquoi on dit « écrire une icône », car c’est une mise en image de l’Écriture Sainte par des canons propres à l’icône.
LA TECHNIQUE GRECQUE DES ICÔNES :
A) Explication à partir de l’icône de Sainte Agnès (Création)
– Le choix du support :
Le support est une pièce de bois de tilleul soigneusement coupée et préparée par un ébéniste spécialisé :
Le bois peut être également du bouleau, du chêne ou un arbre fruitier…
– La préparation de la planche dite le « levkas » :
la planche de bois est marouflée d’un tissu de coton , puis préparée par un enduit blanc dit « levkas » (qui vient du mot « levkos » en grec ancien qui signifie « blanc »). Cet enduit sert de support à la peinture.
D’un point de vue symbolique, la planche en bois symbolise le bois de la Croix et le tissu de coton symbolise le linceul.
Le « levkas » s’applique en dix couches successives, il est composé d’un mélange de blanc de Meudon (ou de poudre de marbre) et de colle animale. Le tissu « disparaît » complètement sous les couches de « levkas ».
– Le dessin :
Le dessin est réalisé au crayon sec (4H) sur une feuille de papier calque. Ce calque transparent permettra à plusieurs reprises au cours de l’élaboration de l’icône de reporter des repères du dessin sur la peinture.
Le report du dessin sur la planche se fait à l’aide d’une feuille de carbone (papier blanc + pigment rouge « anglais ») :
– La dorure :
Avant de poser l’or, une couche de terre rouge foncé est appliquée. C’est une teinte chaude à base d’argile que l’on appelle « l’assiette à dorer » ou « bol d’arménie »:
– La dorure est réalisée à la feuille d’or libre, uniquement aux endroits où l’assiette à dorer a été appliquée. Voici le matériel nécessaire à la dorure : carnet d’or, couteau à dorer pour couper les feuilles, « palette à dorer » pour attraper les feuilles de 10 cm de largeur, et un « appuyeux » qui est un petit pinceau servant à tamponner et lisser les feuilles d’or.
– La peinture à la tempéra :
La peinture s’obtient par le mélange des pigments en poudre liés par du jaune d’œuf.
On se sert de ce que nous donne la nature : les pigments en poudre, le jaune d’œuf symbole de vie…
Pour la conservation du jaune d’œuf on ajoute dans la préparation un tiers de vin blanc. L’émulsion obtenue se conserve au frigo.
L’auréole est réalisée à la tempéra à l’aide d’un compas
« tire-ligne » qui permet un cercle parfaitement rond :
Ensuite la peinture à la tempéra des traits du visage et des vêtements permet d’obtenir des repères pour faciliter et guider la pose de la peinture :
Les fonds sont peints en premiers, et servent de base aux autres couleurs, ils s’appellent « proplasmes »:
La peinture est appliquée par fines couches superposées qui vont de l’ombre au couleur les plus clairs : pour passer de l’ombre à la lumière.
Il y a en général 3 lumières pour chaque partie de vêtement.
Les visages sont peints en dernier, et les lumières se superposent en se fondant les unes dans les autres jusqu’à obtenir un modelé harmonieux :
Les yeux sont les derniers éléments peints dans le visage, ils sont les seuls à recevoir une touche de blanc pur, destiné à intensifier le regard. Le regard est le « reflet de l’âme ».
Pour finir, le nom de l’icône est écrit en rouge, et les bords de l’icône sont peints en rouge également. Cette couleur rouge symbolise le sang du Christ, et permet ainsi symboliquement d’offrir ce travail iconographique à Dieu.
B) Photos de la réalisation de la dorure sur l’icône de Saint Georges.
Dans mon atelier :
La technique expliquée en vidéo par la déléguée à la culture de la ville d’Antibes, Mme Torrès: